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Zoo Story ou presque
d'Edward Albee

 

Intention de mise en scène et résumé

 

La solitude est le fruit des temps modernes.
Finie l’époque de la Famille, du Groupe, de la Corporation, de la Solidarité.
On ne reçoit plus l’ «aïeul» chez soi.
Personne ne repêche celui qui se noie... on a autre chose à faire, trop peur pour soi- même. On ne le condamne pas, mais «il aurait sans doute pu faire autrement».
«Qu’il s’en tire lui-même. Mieux vaut le laisser «libre».»


Il a bien essayé, mais on n’en veut pas. On n’en veut plus.
Autrefois le Paria était désigné, exclu pour une raison X et connu de tous... une forme de position sociale.

JERRY n’est même pas un paria, on ne le connait pas. On ignore sa détresse et elle n’intéresse d’ailleurs personne.
Il vit pire que la pauvreté : il n’a pas d’amis.
Il est seul.

Or la solitude est mortifère.
Elle alimente les troubles mentaux.
Elle crée nombre de candidats au «décès assisté» et provoque accidents cardiaques et vasculaires cérébraux.

Lorsqu’en 1959 Edward ALBEE écrit ZOO - STORY aux USA, en Europe on peut bien se reconnaitre en PETER... mais JERRY est encore une sorte d’OVNI.
 

«Des miséreux nous connaissons hélas bien sûr, mais ça... En Amérique peut-être, existe-t-il des hommes jeunes et désociabilisés, mais c’est peu concevable chez nous.»

JERRY est pauvre mais pas misérable, coupé involontairement de la Société, désœuvré, seul.
Pas d’interlocuteur, pas d’ami.
Il doit provoquer la conversation avec autrui pour sortir du profond silence.

Edward ALBEE disait de ses pièces qu’elles étaient «une représentation de notre époque».
Et pas de «son époque» seulement, car des JERRY sont apparus chez nous, jeunes, désœuvrés parfois, pauvres, mal logés.

Aujourd’hui on ne les remarque même plus.
Étudiants ou jeunes travailleurs vivant en «coloc», ne se distinguent plus à première vue du JERRY de 1959.
Ils font des «petits boulots», ils se sont banaliés, organisés entre eux.
Le temps a changé, la Société ne cesse d’évoluer.

Mais Edward ALBEE est toujours actuel.

Le Paria d’aujourd’hui, celui qu’on ne connait même plus, qu’on n’a pas désigné mais qu’on a simplement oublié, qui a glissé tout seul vers la solitude, aura souvent mis plus longtemps, aura pris plus d’années, aura encore plus essayé de se sauver, de s’accrocher.

Mais il a perdu. Tout perdu : Son emploi. N’en a pas retrouvé. Les années passant, il a perdu ses contacts, ses relations, ses amis, son courage.

JERRY se lève le matin avec pour tout horizon de se coucher le soir.
Il est probable qu’une aide sociale lui permet de survivre.
Tout s’embrouille dans ce vide. Il a quelque soixante ans, mais la chronologie de sa vie s’est arrêtée.
Ses rapports avec ses parents, sa solitude quotidienne, ses rapports philosophiques avec le chien de sa concierge, tout est au présent.


Le temps s’est arrêté quand la Société l’a quitté. Il a voulu rester digne, il est intelligent, cultivé; à quoi bon ?
C’est vraiment «trop». Il choisit son «décès assisté».

PETER pleure et ne comprend pas. JERRY est mort, soulagé, reconnaissant. Les oiseaux du parc chantent.
Tout le monde s’en fout.

François Landolt - 2017

Texte

d'Edward Albee

Traduction

Matthieu Galey

 

Metteur en scène

François Landolt

 

Assistante

Paola Landolt

Comédiens

Edmond Vullioud

Lionel Brady

Régie

AdrienGardel

Costumes

Scilla Ilardo

Production

Fondation l’Estrée

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